Les nouvelles lignes de transport en commun améliorent les quartiers. Mais ces avantages sont-ils équitables ?

Les experts examinent les données techniques lors de l’élaboration des plans de transport, mais ce processus reste empreint de préjugés systémiques.

Metrolinx prend des mesures pour mieux comprendre ce phénomène.

« Metrolinx a un impact considérable sur les communautés et nous voulons nous assurer que nous comprenons ces impacts à travers une lentille d’équité », a déclaré Becca Nagorsky, directrice de la planification des projets de Metrolinx.

Mme Nagorsky et d’autres membres de l’équipe de planification et de développement se sont inquiétés du fait que quelque chose manquait dans leurs processus pour les nouveaux projets, les changements de service et les politiques.

« Nos pratiques existantes ne nous obligeaient pas nécessairement à mesurer toutes les façons dont nos décisions influent sur les communautés minoritaires », a déclaré Mme Nagorsky. « On peut trouver certains projets où cela entre dans l’équation, mais ce n’était pas la pratique courante.

 « Nous avons lancé un appel aux volontaires et 30 personnes ont levé la main pour dire qu’elles voulaient s’impliquer. En plus de leur travail habituel, ils ont effectué de nombreuses recherches sur ce que font d’autres villes et ont expérimenté d’autres méthodologies et techniques de cartographie qui utilisent une lentille de diversité pour améliorer nos pratiques de planification »

Chaque participant a apporté une perspective unique au travail.

« À un niveau très personnel, étant évidemment une femme à moitié noire, j’avais besoin d’être présente dans le travail qui se faisait pour que les choses changent pour les gens comme moi », a déclaré Mme Amy Peebles, responsable de l’intégration du transport en commun à Metrolinx.

Les gens ont perçu un besoin clair de changement dans la façon dont la planification est menée

« Les décisions ne sont peut-être pas explicitement motivées par le racisme, mais certains facteurs historiques, comme les écarts de richesse et la valeur des propriétés, peuvent influer sur les décisions d’une manière qui a un impact sur les communautés racialisées », a expliqué Mme Nagorsky.

Une façon d’opérer un changement serait d’adopter une approche plus variée des investissements dans les transports en commun.

« Les projets de transport en commun entraînent des changements économiques dans les zones où ils sont situés », a-t-elle fait remarquer. « Nous savons que les avantages économiques ne sont pas toujours équitables pour tous et nous nous efforçons donc de mieux comprendre nos clients et leurs besoins – actuels et futurs – afin de garantir des résultats plus équitables pour nos projets. »

Si les données peuvent être utilisées pour éliminer certains biais dans la prise de décision, la première étape consiste à collecter les bonnes données.

« Nous changeons la façon dont nous mesurons le succès pour inclure davantage de paramètres communautaires », a déclaré Mme Nagorsky.

Le travail s’affine.

« Nous disposons aujourd’hui d’informations de recensement décentes sur les lieux de résidence des différentes communautés raciales et sur les déplacements des personnes, mais nous n’avons pas nécessairement réuni ces informations pour comprendre où nous pourrions avoir un impact sur les communautés de couleur », a déclaré Mme Nagorsky. « En collectant de meilleures données et en faisant progresser nos analyses, nous espérons avoir de meilleures réponses à ces questions afin de savoir si nous contribuons réellement à offrir plus d’opportunités aux communautés de couleur. »

Cette approche n’est pas nouvelle. En octobre 2019, Info Metrolinx a fait état d’une étude de l’Université de Toronto qui a révélé que les avantages de la ligne Ontario seront concentrés parmi les populations à faible revenu, les minorités visibles et les immigrants récents.

« C’est exactement le genre de travail que nous voulons introduire dans davantage de projets », a déclaré Mme Nagorsky.

Des consultations élargies peuvent faire une grande différence.

« Plus nous nous adressons tôt aux communautés, plus nous pouvons nous assurer que la contribution locale est prise en compte dans les projets », a-t-elle ajouté.

La consultation peut être utilisée pour affiner des détails, comme l’emplacement des entrées des gares, afin de mieux refléter la provenance des personnes.

L’engagement de Metrolinx envers les peuples autochtones s’accroît grâce à l’expansion du Bureau des relations avec les Autochtones, ainsi qu’à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un programme qui renforcera la qualité de ce dialogue.

À l’avenir, il y aura plus de dialogue avec les fournisseurs de services sociaux et les communautés racialisées sur les choix politiques. Par exemple, l’équipe s’efforce de trouver des moyens de proposer des prix de concession sans stigmatiser les passagers.

Les recherches de l’équipe de planification ont révélé certaines différences dans la façon dont les questions de diversité sont abordées de part et d’autre de la frontière.

« Étonnamment, les villes américaines sont en avance sur les villes canadiennes en ce qui concerne la reconnaissance et la mesure des résultats fondés sur la race », a déclaré Mme Nagorsky. « Les Canadiens ont tendance à parler davantage par métaphores et euphémismes, mais être capable de parler directement de la race est un premier pas important. »

Le travail visant à appliquer une optique antiraciste aux pratiques de planification s’ajoute à ce que les Ressources humaines et d’autres services de Metrolinx font en matière de diversité et d’inclusion.

Aujourd’hui (4 octobre), Nagorsky et Peebles présenteront leur travail comme une étude de cas dans le cadre d’un débat sur la diversité et l’inclusion destiné aux professionnels du transport en commun de tout le pays, lors d’une conférence virtuelle de l’Association canadienne du transport urbain.