Tandis que leurs amis passent des heures à jouer à Fortnite, à contribuer au nombre de visionnements du vidéoclip de bad guy de Billie Eilish ou à montrer leur déjeuner sur Instagram, Jake Hill et Willem F. occupent leur temps avec un tout autre loisir : la « ferroviphilie ».

À quel point ces deux ados de 15 ans se dévouent-ils à un passe-temps plus vieux que la première automobile connue de l’Histoire?

À deux, ils alimentent deux chaînes YouTube séparées – dont une commanditée – consacrées leur loisir, participent à leur club de ferrovipathes « Young Modellers of Durham » (jeunes modélistes de Durham), ont des pièces réservées aux trains dans leur maison respective et partent régulièrement à la chasse aux locomotives et aux pièces d’équipement ferroviaire.

Ni l’un ni l’autre ne se souvient de ce qui a déclenché leur passion pour l’univers des trains. Après avoir échangé des photos et discuté des trains sur Instagram il y a quelques années, ils ont décidé de se rencontrer en personne dans l’espoir de démontrer la supériorité de leurs connaissances individuelles. Liés par leur intérêt commun, ils sont plutôt devenus rapidement amis.

Dernièrement, par un matin d’été, après s’être déplacés depuis leurs maisons à Scarborough et à Ajax, Jake et Willem ont fait une activité convoitée et relativement rare pour les amateurs de trains – une visite guidée du centre d’entretien ferroviaire de Willowbrook.

Metrolinx emploie deux énormes centres de services pour prendre soin de l’ensemble du parc ferroviaire de GO Transit : le centre de Willowbrook et un autre centre situé à Whitby. Les parcs à matériel remorqué, habituellement fermés à la clientèle de GO (qui passe devant ceux-ci chaque jour) servent à stationner, entretenir, remplir de carburant et nettoyer régulièrement des douzaines de locomotives de GO ainsi que des centaines de voitures de trains.

Au centre de Willowbrook, entièrement vêtus d’équipement de protection personnelle, et sous la supervision de Richard Wolfsgruber, agent principal du matériel pour GO Transit, les ados ont pu admirer de près une locomotive, visiter l’atelier de roues et voir comment les « groupes de traction » – terme désignant les véhicules qui forment un train – sont tirés d’une aire de lavage.

« Nous savons que nous avons des amateurs de tous les âges, mais j’étais vraiment impressionné par leurs connaissances sur GO et sur l’industrie ferroviaire, a affirmé M. Wolfsgruber. Je ne serais pas étonné qu’ils se trouvent un emploi dans le transport en commun. »

En effet, lorsque je leur ai posé la question, les deux garçons ont avoué avoir de telles intentions. « Je veux être réserviste dans l’Aviation royale canadienne quand j’aurai 16 ans et, après quelques années de service miliaire, je compte devenir policier ou travailler dans le domaine des chemins de fer », a annoncé Jake. Quant à lui, Willem envisage de travailler pour les chemins de fer : « J’aimerais avoir un travail en lien avec les trains de marchandises; je pense que ça me serait utile sur le long terme et c’est ma passion ».

Pourtant, comme deux ornithologues débutants qui aperçoivent tout à coup une échasse noire (oiseau rare qui habite la Nouvelle-Zélande), ils ont particulièrement été impressionnés par la locomotive 561, stationnée dans le parc à matériel remorqué.

Ce train fait partie d’une série de locomotives qui sont peu à peu retirées de la du parc, réalité de l’univers ferroviaire connue des garçons.

« J’ai toujours voulu voir l’une de ces locomotives de près, a admis Jake. Elles sont rares. »

Au cours de la visite, le duo était emballé par le fonctionnement interne du centre.

« Nous pensions que nous ne pourrions jamais en voir un de l’intérieur, a dit Willem. Nous avons souvent vu le parc depuis le pont d’Islington, mais ce point de vue est bien mieux. »

Qu’est-ce que les deux ados ont-ils fait après la visite?

Ils ont contemplé des trains de marchandises le reste de la journée.